Mercredi 12 juillet sortira dans les salles The Circle, avec au casting Emma Watson et Tom Hanks. Ce film dystopique promet déjà de faire parler de lui en abordant un thème plus que jamais d’actualité : la vie privée face à l’open data.
Après les documentaires Citizenfour ou le récent Nothing to Hide projeté à Paris en mars dernier, Hollywood s’est à son tour emparé des questions brûlantes suscitées par l’émergence de l’open data. Si l’enregistrement des données personnelles des utilisateurs n’est pas un procédé très nouveau, il a pris au cours des dernières années une ampleur telle que de nombreuses interrogations éthiques et morales viennent à être posées concernant leur utilisation, notamment depuis le scandale de la NSA et les révélations de divers lanceurs d’alertes.
Adapté du roman éponyme de Dave eggers, écrit il y a déjà plusieurs années, le film the Circle réalisé par James Ponsoldt s’intéresse à ces questions sous un angle original : celui de la dystopie. Ainsi dans un futur proche où les technologies rendent enfin possible le partage instantané de milliers de données personnelles, le film dépeint l’ascension de Mae, personnage incarnée par Emma Watson, au sein d’une entreprise similaire à Google nommée the Circle. Cette prestigieuse entitée n’a qu’un but : que chaque utisateur partage instantanément et en temps réel l’intégralité de ses données personnelles au nom de la transparence, de la sécurité et donc d’un contrôle total de nos vies.
Cette dystopie ne se livre pourtant pas à une critique frontale du partage universel des données et de la surveillance : elle cherche d’abord à en montrer les bénéfices pour l’humanité. Ainsi la surveillance de chaque individus aux quatre coins de la planète permettrait de mieux prévenir les maladies ou les accidents de la route, de traquer des criminels où qu’ils se trouvent ou encore de garantir la transparence des élus à la faveur de la démocratie. Dans cette univers, la transparence tend à devenir totale et celui qui chercherait un semblant de vie privée a forcément quelque chose à cacher. On ne parle plus de protection de la vie privée, mais bien de «droit fondamental à la connaissance». «Partager, c’est aimer» («Sharing is caring»), répète comme un mantra le fondateur de the Circle, le gourou de l’entreprise. Jusqu’où peut-on aller au nom de la transparence lorsque la technologie nous le permet? La réponse est douloureuse pour Mae.
Malheureusement le film ne répond pas aux nombreuses questions qu’il suscite et, après un suspens croissant porté par les excellents Emma Watson et Tom Hanks, il laisse le spectateur sur sa faim. Par ailleurs, il s’est écoulé presque quatre ans entre la parution du roman de Dave Eggers et la sortie du film qui s’en inspire. Dans ce laps de temps, la question de protection de la vie privée a déjà fait du chemin dans l’opinion publique et les spectateurs sont relativement sensibilisés à l’importance de la vie privée. L’attitude du personnage de Maé, succombant rapidement à l’univers doré et aux valeurs de transparence et de partage total que prône la multinationale, nous apparâit alors bien naïf. Dans The Circle, la critique de ce système de valeurs gagnerait donc à être plus incisive.
Néanmoins The Circle n’est pas un mauvais film pour autant. La photographie et la mise en scène sont ingénieuses et le film parvient à instiller une réelle tension qui captive le spectateur jusqu’à la fin. The Circle a par ailleurs le mérite de susciter une réflexion sur l’emprise toujours plus grande qu’exercent les multinationales comme Google ou Facebook sur nos vies ; au risque de rendre cette dystopie crédible.